Vous l’aurez remarqué, les deux fêtes que les chrétiens aiment le plus, Noël et Pâques, ils les célèbrent de nuit. Et à chaque fois, la nuit, ils célèbrent la lumière et la joie de Dieu. Et ils le font même dans les régions du monde où il y a la guerre. En ce moment, au Liban, en Syrie, dans les territoires palestiniens, au Yémen, au Sud Soudan, en Ukraine, au Sahel, au Congo et dans les quelques cinquante lieux de conflits dans le monde. Et sans aller si loin, nous pouvons aussi évoquer les cœurs en guerre plus proches de nous. Ils sont nombreux. Le nôtre peut-être aussi est en guerre ou dans la nuit.
Ils ressemblent, les chrétiens, au peuple d’Israël dans une des périodes les plus noires de son histoire, alors exilé, auquel le prophète Isaïe annonce : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi ; pour dire que les ténèbres n’ont pas le dernier mot de l’existence. Les ténèbres sont l’avant-dernier mot de l’existence, pas le dernier. Le dernier mot, c’est la lumière, la lumière de Dieu qui sauve, du Christ, de Dieu-avec-nous, celui qui ouvre un chemin à travers la mort et toute mort, toute ténèbre, Celui qui donne sa direction, son sens à la mort et avant elle, à la vie.
Par Lui, avec Lui et en Lui, elle devient un passage vers la vie éternelle en Dieu, la communion du Père et du Fils et du Saint Esprit avec les hommes et les femmes qui l’accueillent. C’est la grande bonne nouvelle.
La célébration de la naissance de Jésus nous révèle, nous met au cœur, qui est Dieu : Il est le Seigneur qui regarde en se penchant sur nos vies, et qui veille sur elles, – ils ne nous surveille pas –, il prend soin de la vie qu’il donne et la protège pour la faire grandir et se déployer, dans le bien et le service de l’amour – à son image et à sa ressemblance.
Le plus étonnant est que pour veiller sur nous de la manière à ses yeux la plus sûre, Dieu se fait chair pour nous sauver de la mort et de la violence, il s’approche au point de devenir homme, de vivre comme un homme, de travailler commeun homme et de mourir comme un homme, sans jamais ni vouloir, ni faire le mal, ni jamais manquer à l’amour de Dieu son Père et à l’amour de quiconque.
Il épouse notre condition de vulnérabilité jusqu’à mourir en croix. Dieu naît comme homme, au milieu des habitants du pays de l’ombre, là où il n’y a pas de lumière, il vient en nouveau-né comme lumière du monde. Et, de nuit, après avoir entendu des anges annoncer cet événement, des gens, des bergers comme son ancêtre David, sont venus comme nous, le visiter. Des envoyés de Dieu leur ont indiqué, comme pour nous, la direction du lieu où il se trouve – une mangeoire, – et comment le reconnaître –, emmailloté –, comme au sépulcre qui l’accueillera dans la ténèbre. Là, se tient la Lumière de la vie, la lumière qui ne peut pas s’éteindre de manière définitive.
Ce mystère résonne très profond en nous, dans un contraste qui nous saisit tout entiers, dans notre vie et dans notre mort. C’est très fort, au point de pouvoir faire naître la joie dans les ténèbres de nos existences, du monde, au milieu même de la violence et des manteaux couverts de sang, alors que tout espoir, toute espérance semble morte.
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir… Le signe de son pouvoir sur son épaule, c’est celui de la croix qu’il porte le jour de sa passion et de sa mort. Il fait de cet instrument de torture et de mort, la clé qui ouvre les portes de la Vie du Royaume parce qu’il est lui-même la Résurrection et la Vie.
Par son pouvoir, il nous donne une chose très simple. Paul dit que Dieu nous apprend à vivre de manière raisonnable, pas plus que cela, et pas moins. C’est le pouvoir des enfants de Dieu, vivre d’une manière raisonnable, non plus comme des sauvages mais des gens qui savent que l’amour peut avoir raison de tout, malgré tout, parce que Dieu est avec nous. Et il se donne à nous.
Alors tu peux ouvrir les portes de ton cœur, de ta vie, il vient aussi pour toi.